QVT QVCTDe la QVT à la QVCT ?

Depuis le 31 mars 2022, l’expression « Qualité de Vie au Travail » (QVT) est remplacée dans le Code du travail par « Qualité de Vie et des Conditions de Travail » (QVCT). Ce changement n’est pas anodin ! Auparavant, la notion de QVT en entreprise a pu se traduire par des actions comme les séances de yoga, les espaces ludiques (baby foot et tables de pingpong), des salles pour la sieste. Actions certes très visibles, et faciles à communiquer mais peu efficaces car elles ne traitent pas réellement du sujet : le travail réel.

La QVTC est maintenant un thème de négociation périodique obligatoire en entreprise.

Le travail est replacé au cœur de la QVCT

Enfin, on travaille sur le TRAVAIL ! (Voir les travaux de Yves Clot ou Dominique Méda). Désormais, le travail est au centre de la démarche. Les tâches, les relations, les moyens, les conditions et l’organisation sont l’objet de toutes les attentions. Voyons les six champs de la QVCT sur lesquels vous pouvez agir. Notez que ces 6 champs sont souvent liés entre eux.

1 – Le contenu du travail :

On est au cœur du sujet. Certains salariés peuvent s’interroger : Qu’est ce que l’on attend vraiment de moi ? Quelle est l’utilité de mon poste ? Quelle est la charge réelle de travail ? Mon travail est-il diversifié ou répétitif ? Sur quoi ai-je le pouvoir d’agir ? Les actions sur ce champ vont permettre de répondre à leurs questions.

Je vous propose quatre axes d’actions sur le champ du contenu du travail.

  1. Le premier axe concerne les objectifs. Ils doivent être clairement définis et communiqués. Il s’agit aussi là, de travailler sur le sentiment d’utilité et d’assurer la cohérence entre les compétences, les ressources et les objectifs.
  2. Le deuxième axe est trop, très peu abordé. Voire évité. C’est la charge de travail. Elle doit être raisonnable. Le travail réel doit se rapprocher au travail prescrit.
  3. Les salariés doivent avoir le pouvoir d’agir sur leur travail en ayant des espaces d’autonomie. Pour cela une relation de confiance est nécessaire.
  4. Le quatrième axe aborde la variété des tâches. Même dans des fonctions de production, ou de logistique, il est possible de varier les tâches pour favoriser leur intérêt.

2 – Les pratiques managériales

Ce champ est souvent celui qui va nécessiter le plus d’efforts sur le long terme. Il s’agit de faire évoluer les pratiques, les comportements. Et là on touche à la culture, aux habitudes et aux croyances. L’exemplarité à tous les niveaux est indispensable.

Voici les quatre axes d’amélioration que je vous propose sur le champ des pratiques managériales :

  1. Il s’agit déjà de donner ou de redonner du sens au poste ou à la mission. On va aussi travailler sur le sens au quotidien. Il peut s’agir pour le manager, d’expliquer la finalité d’une tâche demandée. Ce qui n’est pas toujours le cas.
  2. Savoir faire un feedback efficace et motivant est une compétence indispensable. Notamment avec le télétravail. Certains managers sont désarmés et peuvent tomber dans le surcontrôle. Il est indispensable de renforcer leurs compétences sur les feed-back.
  3. Le troisième axe de travail c’est la reconnaissance. Et là, il s’agit de favoriser la reconnaissance des efforts des compétences ou des résultats dans l’entreprise.
  4. Le quatrième axe est celui de la proximité du management. Les managers ont-ils le temps pour être sur le terrain avec leurs équipes ? Parfois, je note que les managers sont « empêchés » par leur charge de travail. Ils sont alors dans un conflit de valeurs. Source de stress, de tensions et d’insatisfaction.

3 – Les conditions de travail

Sur ce champ, nous allons agir sur les sources de tensions et notamment les irritants matériels. Les conditions de travail peuvent être améliorées en agissant sur 4 axes.

  1. Le 1er axe concerne les actions de prévention sur la santé au travail et sur la sécurité. Le DUERP dans la nouvelle loi est revalorisé. Un plan d’actions doit maintenant être établi. Un passeport Prévention doit être créé avant le 1 octobre 2022.
  2. Le 2ème axe concerne les moyens matériels et l’ergonomie sur les postes de travail. Il s’agit de prévenir les risques, les AT et les TMS. Le télétravail peut développer par un équipement inadapté des TMS.
  3. La prévention des risques psychosociaux est un axe de travail prioritaire qui est renforcé par la nouvelle loi. Des actions de formations, de sensibilisation sur les RPS et les signaux faibles sont recommandées.
  4. Enfin le dernier axe concerne l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée. Cet axe a largement été renforcé avec le télétravail. Mais il peut être judicieux de poser un cadre avec une charte du télétravail.

4 – Les relations sociales

La crise du Covid a mis à mal nos relations sociales. 52% des salariés ont envie que leur entreprise renforce ces relations sociales selon l’étude de Malakoff Médéric. Voici les quatre axes pour renforcer les relations sociales.

  1. Le premier axe est consacré aux temps collectifs. Il peut s’agir d’améliorer les réunions en les rendant plus participatives. D’innover en mettant en place des groupes de pairs ou de favoriser le travail en intelligence collective lors des réunions.
  2. Le second axe aborde les espaces de réunion. Le télétravail a libéré des espaces. Il pourra s’agir de réorganiser les espaces collectifs dans l’entreprise pour favoriser les relations sociales lorsque les salariés sont présents.
  3. Les relations sociales seront plus riches en partageant les informations sur l’entreprise. Cela peut prendre la forme d’un rendez-vous régulier de dialogue pour partager les résultats, les perspectives, les décisions. Ces rendez-vous donnent de la visibilité et rassurent les collaborateurs.
  4. Bien évidemment la qualité du dialogue social et de la concertation avec les partenaires, est un axe clé.

5 – L’égalité et l’évolution professionnelle

Dans ce champ, on aborde les perspectives individuelles de développement et d’évolution dans l’entreprise, l’égalité, et la diversité.

  1. Le 1er axe concerne l’évolution des responsabilités. Impatientes, les jeunes générations attendent très rapidement des évolutions. La réponse peut aussi être dans la diversité des tâches proposées et dans les projets transverses.
  2. L’axe de l’égalité entre les hommes et les femmes est aussi sensible que légitime. Sur les salaires d’abord. Mais la QVCT concerne aussi les accidents du travail. Savez-vous que le taux d’accident baisse pour les hommes de -27% alors qu’il augment de +41% pour les femmes !!! (Anact). https://www.anact.fr/sinistralite-au-travail-en-france-une-evolution-differenciee-entre-les-femmes-et-les-hommes-entre
  3. La promotion de la diversité et de l’inclusion dans un projet QVCT va donner du sens et favoriser les échanges entre salariés et les enrichir.
  4. L’axe de l’évolution des compétences est prioritaire. Le législateur cherche non seulement à favoriser la professionnalisation et le maintien dans l’emploi mais surtout à éviter la désinsertion professionnelle.

6 – L’organisation du travail

Ce dernier champ est abordé ici sous un angle innovant car on traite de la vie réelle en entreprise : une organisation claire, l’autonomie, les changements, le cloisonnement, et le télétravail. Nous ne sommes plus dans une vision statique mais dans l’amélioration d’un système qui vit et interagi.

  1. Le travail sur cet axe va permettre de définir l’autonomie dont chacun dispose dans une organisation claire. Mais cela nécessite d’abord que chacun connaisse bien son rôle et puisse dire : « Je sais qui fait quoi dans mon entreprise ». Ce qui n’est pas toujours aussi évident ! Cet axe est lié directement avec les pratiques managériales et au contenu du travail.
  2. Hybride, présentiel, télétravail ! Il s’agit de clarifier les choses. Pour cela je suggère de définir une politique claire de télétravail et de faciliter les conditions d’accès au télétravail (moyens matériels, mais aussi management à distance)
  3. L’axe suivant va toucher un point sensible et une réalité dans les organisations : le cloisonnement entre les services. C’est souvent une source de tension, de stress, de perte de temps et d’énergie. Donc un axe d’amélioration clé pour la QVCT.
  4. Ce dernier axe est très, trop rarement abordé quand on parle de QVCT. Le changement ! En effet toutes les entreprises connaissent à un moment donné des phases de transformation. Ces phases impactent très fortement les salariés. Et il s’agit d’être attentif en anticipant et en accompagnant les changements.

Pourquoi engager un projet sur la QVCT ?

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Source Yatedo : https://www.elaee.com/2017/09/19/28217-difference-essentielle-entre-generation-y-generation-z

La QVCT est un levier très puissant pour attirer et retenir les talents. C’est même, pour les plus jeunes le 1er critère dans le choix d’un poste selon l’étude menée par Adecco.

La QVCT est donc un moyen indispensable permettant renforcer la marque employeur en travaillant plus sur le produit que sur la communication. La QVCT est aussi un levier de productivité selon le travail réalisé par la Fabrique de l’industrie. (https://www.la-fabrique.fr/fr/publication/qualite-de-vie-travail-levier-de-competitivite/). Plus qu’une obligation légale, c’est donc une opportunité.

Mais par où commencer ? Comment faire ? Quels sont les facteurs de succès ? Patience ! Prochainement, je vais publier un article sur ce sujet avec une approche innovante. Je proposerai aussi les 7 bonnes pratiques et les 8 erreurs à éviter.

Franck Pagny, Facilitateur chez Vivement lundi